Le lotissement du parc du château de Bry (1897)

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S’étendant sur près de 25 hectares, le parc du château de Bry constituait un vaste espace boisé, parsemé d’arbres de haute tige et irrigué par des eaux de source.
Destiné à la villégiature bourgeoise, ce lotissement devait séduire une population aisée désireuse de posséder une résidence secondaire à proximité de Paris et des bords de Marne, particulièrement prisés en cette fin du XIXe siècle.

Le caractère bourgeois de ce lotissement s’exprime très largement dans le cahier des charges du lotissement, qui prévoit que les acquéreurs ne pouvaient construire sur leur lot que des villas ou des maisons de campagne, interdisant les usines, ateliers, vacheries, maisons d’aliénés, maisons de tolérance et tous autres établissements qui « par leur bruit, leur odeur, émanations ou autres causes seraient de nature à nuire aux voisins ».

Pour en assurer la promotion et séduire les acquéreurs potentiels, une affiche fut réalisée. Pour l’illustrer, le promoteur s’est offert les services de l’artiste Gustave Fraipont, affichiste belge auteur de nombreuses affiches pour des compagnies ferroviaires.
Gustave Fraipont a réalisé pour cette affiche trois dessins et mis en avant la figure de Daguerre, personnalité importante de l’histoire locale et nationale, dont le buste a été inauguré à Bry peu de temps auparavant, en 1892.

Affiche réalisée pour la vente du lotissement
Affiche réalisée pour la vente du lotissement
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Le premier dessin offre une vue générale sur l’entrée de la ville et les bords de Marne. Au premier plan, des promeneurs flânent le long de la Marne et un couple profite des plaisirs du canotage sur la rivière. A l’arrière-plan, on reconnaît l’église et les premières maisons de la commune, toutes environnées d’une luxuriante végétation.

Le deuxième dessin montre la pittoresque place principale. On y retrouve l’église et l’on y découvre le terminus de la ligne des tramways nogentais. Au premier plan, une femme endimanchée se repose à l’ombre d’un majestueux orme multiséculaire, unique survivant des douze ormes plantés sous Sully et auquel les Bryards étaient particulièrement attachés (cet orme sera abattu en 1904).

Sur le troisième dessin est représentée la splendide façade du château de Bry, qui faisait l’objet d’un lot particulier. Devant le château, on peut voir des promeneurs et des cyclistes, ainsi qu’une calèche transportant un homme en haut-de-forme et deux femmes avec une ombrelle, signes d’appartenance à une classe sociale aisée.

Le message porté par cette affiche est clairement adressé à de riches bourgeois désireux de posséder une maison de campagne dans une localité calme et paisible. C’est pourquoi l’illustrateur a voulu souligner la qualité du cadre de vie bryard. Ses dessins visent à montrer que Bry est une petite ville agréable, où il fait bon vivre. On notera également qu’il a veillé à représenter des tramways sur chacun de ses dessins, sans doute pour rassurer les acquéreurs potentiels sur l’accessibilité de la commune.

Une ligne de tramway partant de la gare de Nogent-Le Perreux (actuel RER E) et s’arrêtant place de la mairie est alors exploitée par la Compagnie des chemins de fer nogentais depuis 1888. Au moment où l’affiche est réalisée (1897), le tramway ne passe pas encore devant le château comme l’affiche voudrait le suggérer, mais ce sera chose en 1901, quand la ligne sera prolongée jusqu’à Noisy-le-Grand.

Le texte de l’affiche reprend les principales idées exprimées dans les dessins. Il rappelle notamment le caractère naturel des lieux et insiste sur la présence d’eau de source et d’arbres. Il souligne également la bonne desserte de la commune, facilement accessible par le tramway et située à une trentaine de minutes de Paris par le train. Enfin, il met en avant certaines garanties propres à rassurer les acquéreurs : les lots sont tous situés en zone non-inondable et desservis par un dense réseau de rues.

Le lotissement du parc rencontrera un grand succès. Il aboutira à la création de nouvelles rues (Jules Ferry, Maréchal Foch, Maréchal Joffre, Cherbourg, Gallieni, Reims, Jean Grandel, Paix et Noisy) qui seront classées parmi les voies communales en 1898. Le château sera quant à lui acheté en 1903 par un professeur du collège Albert de Mun, Eugène Robert, et son épouse, Marie Rêve, qui y aménagèrent une institution d’enseignement privé. Depuis cette date, la vocation scolaire du château de Bry n’a pas changé.