Une définition du DIORAMA

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Diorama, c’est le nom donné par Daguerre à ses œuvres immenses peintes des deux côtés d’une toile transparente [1], éclairée par réflexion et par réfraction par des jeux de lumière savamment combinés. C’est aussi le nom que Daguerre donna à la salle de spectacles qu’il fit construire à Paris, rue Sanson, derrière le Château-d’Eau.

  • D’après le « Dictionnaire de la conversation et de la lecture », Tome XXI chez Belin-Mandar, libraire, Paris 1835

Spectacle ouvert à Paris au mois d’août 1822. Il consiste en une exposition de tableaux ou vues peintes sur toile, de grande dimension qui sont tendues sur un plan droit vertical. La spécialité principale du diorama consiste dans le jeu de la lumière, habilement modifié, de manière à varier les tons généraux et les tons locaux, et à produire, tantôt sur quelques points, tantôt sur le tableau entier, tous les effets lumineux naturels ou factices. Ces toiles ont 65 pieds de largeur sur 42 de hauteur, et leur distance des spectateurs varie de 40 à 60 pieds environ. De grand châssis vitrés sont disposés pour les éclairer au besoin par derrière, et d’autres donnent, par le comble, passage à une masse énorme de lumière naturelle que modifient des transparents de diverses couleurs, mus facilement à l’aide de cordages et de contre-poids. Par ce moyen, l’illusion est portée au plus haut degré. À l’éclat du soleil le plus pur succède l’obscurité du brouillard le plus intense, le clair de lune, le reflet des flambeaux, les vapeurs des eaux et mille accidents d’ombres et de clair-obscur, qui dépendent de l’heure du jour, de l’état de l’atmosphère ou des combinaisons de localité.

Tout est rendu avec une précision qui rivalise avec la réalité. Ont été exposé successivement des intérieurs d’église et des cloîtres, des vues de Suisse et d’Ecosse, des ports de mer, des forêts, etc. Chacune de ces exhibitions a été un nouveau triomphe, et il faudrait citer presque tous les tableaux qui se sont succédé à chaque semestre, à peu près, au Diorama, si l’on voulait en signaler le chef d’œuvre. La Vallée de Sarnen, l’Abbaye de Cantorbéry, l’Incendie d’Édimbourg, la Forêt-Noire, le Campo-Santo, l’Île Ste Hélène, le Mont-Blanc semblaient avoir épuisé les ressources d’une exploitation de ce genre et les ingénieux procédés mis en œuvre pour en compléter la perfection.

Cependant, M. Daguerre vient d’offrir un nouvel aliment à la curiosité et à l’admiration du public. Son dernier tableau représente l’intérieur de l’église St Etienne-du-Mont. Le résultat obtenu cette fois par l’artiste, on peut le dire sans exagération, tient du miracle. Le jour qui éclaire le tableau baisse progressivement et fait bientôt place aux ténèbres ; alors les cierges s’allument, leur rayonnement fait de nouveau circuler la lumière sous les voûtes à l’entour des piliers dont les ombres se projettent sur les dalles du temple. Peu à peu l’œil du spectateur distingue un grand nombre de personnages qui peuplent cette enceinte, déserte naguère, et occupent des sièges jusque là restés vacants.

L’orgue se fait entendre, et vous croyez assister à une messe de minuit. Ensuite, le monde disparaît, les feux s’éteignent, tout rentre dans l’obscurité, et l’aurore vient enfin colorer de nouveau les vitraux de l’église de sa pâle lumière.

La construction du Diorama est remarquable par l’ingénieuse disposition de la salle réservée aux spectateurs. C’est une rotonde d’une construction légère, mobile, sur un fort pivot, et dont le plancher supporté par des pieds-droits armés de galets, coule circulairement sur un plan incliné vers le centre. Un mécanisme fort simple met un homme en état de pouvoir seul faire mouvoir l’appareil, qui tourne ainsi sur lui-même avec les spectateurs.